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Si le concept de « politique » peut être défini comme un agir collectif, comme l’intervention consciente des hommes dans la société, personne ne saurait être contre ! Et dans ce cas notre « critique de la politique » ne serait qu’une simple indifférence au monde. Et ce n’est pas le cas ! Mais force est de constater que les tenants contemporains de la «politique » trahissent l’intention originale de l’« agir » puisqu’ils le réduisent à des ajustements du présent.
L’affirmation de la « politique » comme seule voie possible pour changer le monde est le socle de la « gauche » ou de l’extrême gauche, du NPA en passant par Lutte ouvrière et Mélanchon. Malgré l’intention affichée de faire une politique «complètement différente », ils retombent toujours dans le « réalisme » participent aux élections, s’expriment sur les référendums, dissertent autours de l’évolution possible du Parti socialiste….
On pourrait s’en satisfaire si leurs postions n’avaient aucune conséquence. Or le contexte change…
La crise de la « valeur »inhérente au capitalisme se traduit par un émiettement, un délitement des états, une ubérisation des acquis sociaux et des statuts protecteurs. Dans ce contexte, participer à des élections présidentielles ou législatives n’a pas de sens. Ou plutôt si ! Le seul sens, la seule quête serait de revenir aux structures antérieures, d’avoir comme programme la reconstitution d’un état nation fort ou régalien. C’est la seule « solution » que les politiciens, de fillon à Mélanchon en passant par le Pen, ont trouvée pour faire croire qu’une fois élus, ils maitriseront quelque chose face à la mondialisation et face à la financiarisation. Peut-on croire que la politique est la sphère sociale qui permettrait d’imposer des limites à la financiarisation ? La politique serait-elle par sa nature « démocratique » et opposée au monde économique capitaliste où règne la loi du plus fort ? Evidemment non ! On peut déjà prévoir l’échec, mais de plus, ils participeront de fait à ce délitement !
Les indignés de la Puerta Del Sol, sympathiques au demeurant, se sont « grillés » en peu de temps en réclamant une démocratie réelle au sein de la même forme de vie collective. Ils ont participé au grand marchandage des postes ministériels pendant plus d’un an pour céder au « réalisme ».
Il ne sert donc à rien de se lamenter sur la crise de la « démocratie » ou de réclamer un retour de « la politique ». Le dépassement révolutionnaire de la société capitaliste et de sa forme politique immanente ne peut plus se faire au travers des médiations traditionnelles (partis, élections, syndicats, conquête de l'Etat, politiques publiques de gauche ou alternatives, etc.). La pratique reste à réinventer, sans céder à l’injonction de « faire quelque chose, et tout de suite » qui pousse toujours à la réédition des formes déjà vues et déjà échouées.
Une première condition pour renouer avec la perspective de l’agir est de rompre définitivement et nettement avec toute « politique » au sens institutionnel. Aujourd’hui, la seule « politique » possible est la séparation radicale d’avec le monde de la politique et de ses institutions, de la représentation et de la délégation, pour inventer à leur place de nouvelles formes d’intervention directe.
Plus que jamais en 2017 : abstention !


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